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Crise de la psychiatrie : quelles sont les solutions ?

Temps de lecture : 3 min

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Depuis le début de la crise sanitaire, la situation dans les établissements publics de psychiatrie en France a atteint un niveau critique. Selon une enquête réalisée par la Fédération Hospitalière de France (FHF) en avril-mai 2023, la proportion d'établissements ayant dû fermer une partie de leurs lits a considérablement augmenté. En effet, au 31 décembre 2022, un quart des établissements interrogés ont déclaré avoir fermé entre 10 et 30% de leurs lits, comparé à seulement 5% avant la crise sanitaire. 

Pourquoi une crise de la psychiatrie ?

Pénurie de personnel médical 

La pénurie de médecins et de personnel non médical est identifiée comme le principal facteur des fermetures structurelles de lits. Selon les données de la FHF, 88% des fermetures de lits l'année dernière étaient dues à ce manque de ressources humaines. Plus de la moitié des établissements interrogés (55%) ne voient aucune perspective de réouverture à court terme. 

Des délais d'attente en augmentation 

La crise sanitaire a également entraîné une détérioration des délais d'attente pour les soins psychiatriques, tant en hospitalisation qu'en ambulatoire. Près de 90% des hôpitaux estiment que les délais d'attente ont augmenté, atteignant parfois plusieurs mois, voire plus d'un an, pour certains types de prise en charge. 

Demande d'un plan d'urgence 

Face à cette situation critique, la FHF appelle à la mise en place d'un plan d'urgence pour répondre aux défis de la psychiatrie. Ce plan devrait combiner des solutions à la fois immédiates et durables pour faire face à la pénurie de personnel et à l'augmentation des délais d'attente. 

Quelles solutions pour atténuer la crise actuelle ? 

Propositions immédiates 

  • Identifier les Agences Régionales de Santé (ARS) comme responsables de l'organisation territoriale des soins en psychiatrie. 
  • Organiser un accompagnement spécifique pour les établissements en difficulté. 
  • Renforcer la formation des professionnels de santé, en particulier des infirmiers et des psychologues. 
  • Promouvoir la délégation de tâches pour améliorer la coordination des soins. 

Des mesures pour renforcer l’attractivité de la psychiatrie  

Lors d'une session de questions à l'Assemblée Nationale le 17 janvier, la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a été confrontée à des interrogations sur la pénurie de ressources médicales et paramédicales en psychiatrie. Elle a reconnu à plusieurs reprises que l'attractivité de cette discipline est un enjeu prioritaire. Elle a notamment évoqué les fermetures de lits et les files d'attente croissantes dans les centres médico-psychologiques (CMP) comme des préoccupations majeures. 

La ministre a également confirmé la tenue du conseil national de la refondation (CNR) dédié à la santé mentale, annoncé par le président de la République. Cependant, les détails concernant les échéances de cette initiative n'ont pas été précisés. 

Elle a ensuite exposé la stratégie du ministère de la Santé, axée sur deux points principaux : l'augmentation des postes aux épreuves classantes nationales, avec 572 postes ouverts pour la rentrée universitaire 2023-2024, et la refonte du troisième cycle des études de médecine. 

La ministre a également abordé la question de la formation des infirmiers en psychiatrie et santé mentale, soulignant l'importance de renforcer la formation initiale . La refonte du référentiel infirmier prévue pour 2024 vise à actualiser le cadre de formation des infirmiers en soins généraux et à soutenir le développement de la pratique avancée en psychiatrie et santé mentale 

En parallèle, une campagne d'attractivité #choisirpsychiatrie a été lancée par les représentants des universitaires, étudiants et internes en psychiatrie. Cette campagne vise à déconstruire les préjugés sur la psychiatrie et à promouvoir cette discipline auprès des futurs médecins. 

Perspectives futures 

Face aux critiques sur l'insuffisance des actions entreprises, la ministre rappelle les mesures annoncées lors des assises de la santé mentale et de la psychiatrie en 2021. Elle met en avant le dispositif "Mon soutien psy" et évoque les moyens prévus jusqu'en 2024 pour renforcer les structures existantes.

Elle souligne la nécessité de débattre des actions à entreprendre à partir de 2024 et annonce un examen des financements nécessaires, incluant des moyens pour le traitement des psychotraumatismes et la prise en charge psychologique.

Enfin, la ministre insiste sur l'importance de la recherche et de l'innovation dans l'amélioration de la qualité des soins, citant un appel à projets lancé en mars 2023 pour soutenir la recherche en psychiatrie et santé mentale.